Fraësia la frénétique

[Fraësia]

C'est dans les profondeurs de la cité de Brâkmar, jadis, lors d'une bien sombre époque, que naquit celle dont ce récit narre l'histoire. Sa mère était Helia, une Sacrieuse, et ton père, Zorlan un Maître Iop. Ils étaient tout deux de fidèles serviteurs du Triumvirat dirigeant la cité des Démons, composé de Domen, Ralgen et Kalfen.
On racontait d'Helia qu'elle était aussi belle que sagace, et sa rencontre avec Zorlan ne fut pas le fruit du hasard. Dé lors qu'elle le vit, elle sut que ce grand Iop au coeur sauvage et à l'esprit aveuglé par sa haine envers les Bontariens, serait la clef d'une de ses sombres ambitions.
Dans sa perfidie, elle entreprit de le séduire, et Zorlan incapable d'échapper aux griffes de la Sacrieuse, tomba follement éperdu d'elle.
Tandis que le grand Iop tranchait chairs et dépeçait toutes créatures de vie, sa douce l'observait, un sourire satisfait aux lèvres, caressant son ventre à la rondeur explicite...
Le temps passa, temps durant lequel brâkmar eut à essuyer de terribles confrontations contre les forces Bontariennes, de plus en plus coriaces. Les forces brâkmariennes autrefois abondantes et glorieuses, s'amenuisaient peu à peu. Il fallait changer de stratégie et prier le grand Rushu de partager sa puissance.
Zorlan claironnait à qui voulait l'entendre que bientôt, son fils viendrait gonfler les rangs de brâkmar. Cependant Helia savait déjà qu'il s'agissait d'une fille. Chose qu'il ne voulu admettre jusqu'au moment où, l'enfant s'arracha du ventre de sa mère.
Il faisait nuit et un vent mauvais s'était levé. Grande fut la douleur d'Helia mais plus grand encore son plaisir. Lorsque le petit être chétif naquit, étonnamment, le premier son qui sorti de sa bouche s'apparenta plus à un cri de rage qu'à un pleur. Un même sourire illumina alors le visage des heureux parents.
D'un commun accord, les deux démons se promirent que terreur et violence, ne seraient que doux euphémismes face à celle qui fut nommée Fraesia. On raconte que Rushu lui-même approuva cette naissance.
La jeune Iopette attira très tôt l'attention du Triumvirat, et Zorlan l'entraîna avec fougue et hargne durant de longues années, parfaisant ainsi le goût de sa tendre fille à l'art de la guerre et du combat.
Il lui apprit à ne pas trembler, à ne pas sentir la douleur. Pendant longtemps la pitié elle-même ne faisait pas partie du vocabulaire de la jeune fille. Celle-ci finissait toujours par développer une frénésie incontrôlée lorsque sa rage au sang se mêlait; alors, son regard se voilait, et il était très difficile de l'empêcher de semer un épouvantable carnage.
Seules les personnes chers à son cœur semblait capables de l'empêcher du pire.
Helia contemplait les proprets de sa fille, l'encouragea même quelques temps. Mais la crainte de la voir devenir un monstre sanguinaire finit par l'insupporter au plus haut point, elle fit l'erreur de lui enseigner la compassion ainsi que le sens de la justice. De ce fait, Fraësia prenait garde a maîtriser sa furie intérieure et à peser le pour du contre, chose qui déplu ardemment au Triumvirat.
Helia fut banni de Brâkmar sous le regard impuissant de Zolran et Fraësia.
Peu à peu, suite à l'exil de sa mère, Fraesia atrophia sa compation.
Zorlan s'enferma dans un mutisme amorphe tant la perte de celle qu'il aimait l'affligea. Il fini par renier Brâkmar, décidant de partir à la recherche de sa dulcinée.
Fraesia se retrouva seule. Elle se dévoua corps et âme au service du Triumvirat. Ceux-ci motivé par l'acharnement de la jeune Iopette, décidèrent de créer une formation anti-bontarienne, un corps d'élite spécialement formé pour le massacre de masse et l'espionnage. « Les Lames du Chaos ». Se groupe de combattant formait une meute dont Fraësia avait la tête.
Très vite, la rumeur se rependit comme une trainée de poudre, les Lames s'abattaient sur leur ennemis telle la foudre. Une iop à la blanche chevelure et à l'habit sombre tranchait tête après tête sans la moindre once de remord. On lui prêtait l'agilité du vent.
Lors du massacre du village de Gisgoul par les Bworks, les Lames furent envoyées en mission hécatombe. A la grande surprise des guerriers démon, ils ne trouvèrent pas que des bworks à leur arrivé. Ces félons de bontatiens s'était rallié à eux. Un combat sans merci s'engagea alors. Loin dans la plaine de Sidimote résonnait l'écho de la bataille, on entendait les clameurs des Lames tandis qu'elles rependaient la mort tout en se faisant décimer... « Pour Brâkmar ! », « Redoute ma colère ! » ou encore « Que Rushu guide ma Lame ! ». C'est dans une aurore pourpre que le combat s'acheva. Une étincelle de compassion avait ressurgi en Fraësia, tandis qu'elle se battait contre une toute jeune recrue bontarienne, scellant ainsi son arrêt de mort.
Fraësia des Lames du Chaos, dite la « Frénétique » avait succombé...
Du moins, c'est ce que tous crurent, lorsqu'ils la découvrirent le visage ensanglanté, une horrible plaie lui barrant le haut du crâne, ne respirant qu'avec peine.
Ils la laissèrent donc pour morte, l'abandonnant aux Corbacs.

Fraësia ignore durant combien de temps elle dormi, mais lorsqu'elle s'éveilla, sa blessure était pansé et elle se sentait étrangement sereine.
Plus tard elle découvrit les créatures qui l'avaient recueillit. Il s'agissait d'un eniripsa du nom de Garm, noir comme la suie et doté d'un caractère impossible.
Lorsqu'il lui demanda qui elle était et d'où elle venait, elle ne sut que répondre.
Seul son nom lui vint en bouche, ainsi qu'un vague souvenir de brutalité abstraite.
Fraësia avait perdue la mémoire.
Le temps passa et elle ne chercha pas à la recouvrer. Elle erra en compagnie du petit Garm Farceur, découvrit un monde qui lui était inconnu, et noua quelques liens forts et trouva une nouvelle famille réunie sous l'étendard pourpre des Destriates.
Un sentiment qu'elle n'avait pas le souvenir d'avoir jamais ressenti brulait en elle.
Néanmoins...lorsque le hasard lui fit contempler les murailles blanches de bonta, elle se jura silencieusement que lorsqu'elle serait totalement remise, ses murs trembleraient de crainte à son approche.